
Une autre voie de décolonisation : l’affranchissement ?
Bonjour à tous,
L’association APROFED revient vers vous cette semaine à la demande de certains de ces lecteurs afin de développer une idée déjà formulée lors de l’un de nos précédents mails en date du 1er octobre 2024 intitulé : la situation de la Nouvelle-Calédonie, un cas isolée ? dans lequel nous évoquions l’exemple d’Haïti, ancienne colonie française, qui après avoir pris les armes, obtint son indépendance en 1804 en rachetant sa liberté à la France via une dette1 qui pris fin en 1952.
Si cette solution semble d’un autre temps, elle pourrait néanmoins s’appliquer à une France qui demeure avec ses derniers territoires ultra-marins (colonies) dans le passé, n’ayant malheureusement pas encore su tourner la page de son empire perdu. Ainsi le souhait par le peuple kanak de vouloir s’affranchir de la domination française amènerait à appliquer une solution du passé afin de résoudre un problème du passé.
Cette solution du 19e siècle est, hormis l’île d’Haïti, bien connue des autorité françaises qui en 1803 sur ordre de l’empereur Napoléon 1er vendent la Louisiane aux Etats-Unis pour la somme de 80 millions de francs de l’époque.
A l’instar de nos jours du rachat d’une entreprise, dont l’estimation se base généralement sur une durée d’exploitation de 3, 5 ou 10 ans, le calcul de la somme à verser par Haïti fut calculée sur le même principe, à savoir 10 ans de revenus net d’exploitation, soit la somme de 150 millions de francs or de l’époque, (environ 20 milliards de dollars aujourd’hui), deux fois plus que pour la Louisiane pourtant 77 fois plus grande en ce temps par la taille.
Nous laissons ici le soin aux personnes intéressées par cette solution d’effectuer elles-mêmes les calculs afin de déterminer les sommes que cela engendrerait pour la Nouvelle-Calédonie.
Il convient néanmoins de rappeler que cette solution n’en fut pas une réellement et qu’Haïti n’obtint pas véritablement son indépendance dans la mesure où l’île du s’endetter auprès de la France durant près de 100 ans pour rembourser cette dette. La France réussit ainsi à conserver sa domination commerciale et économique à défaut d’être territoriale sur son ancienne colonie et cela jusqu’à la fin du 19e siècle, s’accaparant certaines années jusqu’à 40% des revenus du gouvernement d’Haïti. Ce dernier devant également réduire de moitié les taxes douanières sur les marchandises françaises.
En 2003, l’île a demandé le remboursement de cette dette par la France qu’elle estime être la cause de son retard et de ses difficultés. Restée lettre morte, cette demande valu néanmoins au président de l’île d’être chassé du pouvoir via une opération orchestrée par la France et les Etats-Unis2, codétenteurs de cette dette et qui au 19e siècle voyaient d’un mauvais œil la constitution d’un Etat composait et dirigé par d’anciens esclaves s’étant libérés par eux-mêmes.
Si l’association s’est permis d’aborder cette “solution”, c’est bien parce qu’elle estime que la solution du fédéralisme est la seule solution et qu’elle a déjà fait ses preuves par la passé en Nouvelle-Calédonie. Elle risque cependant d’avoir des difficultés à être mis en œuvre au jour d’aujourd’hui vu l’exécutif français en place sen situant sur l’échiquier politique complètement à droite. Pour rappel, le recours à la notion de fédéralisme avait pu en Nouvelle-Calédonie avoir lieu en 1988 et 1998 grâce à la présence d’un premier ministre et/ou d’un président de la république socialiste, donc de gauche.
Le binôme (président / 1er ministre) actuellement présent nous ramenant à une situation déjà connu des calédoniens à savoir 50 ans en arrière, à l’époque VGE / Chirac, qui avait abouti en réponse à une volonté de la part des calédoniens de plus d’autonomie à une centralisation des pouvoirs sur Paris, amenant ainsi à une radicalisation de la part de la population kanak et au choix par ceux-ci de l’indépendance aboutissant aux évènements malheureux des années 1980. La volonté par l’Etat de ramener la Nouvelle-Calédonie dans le giron français en récupérant les pouvoirs et compétences calédonienne comme proposé au sein du document martyr et du plan Nickel en 2023 n’avait ainsi qu’une seule issue logique, déjà mis en œuvre historiquement, que sont les « évènements » avec l’insurrection de 2024 et une proclamation à nouveau de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie prévu unilatéralement par certains pour 2025.
1 Indemnisation de la France par la république d’Haïti — Wikipédia
2 Comment la France a riposté aux demandes de réparations d’Haïti – The New York Times Haïti : comment la France a obligé son ancienne colonie à lui verser des indemnités compensatoires
En vous souhaitant une bonne lecture et en vous rappelant que le fédéralisme est la seule solution pour concilier l’unité dans la diversité.
L’association APROFED