
Réaction sur la chute du gouvernement local et la nomination du nouveau
Bonjour à tous,
L’association APROFED revient vers vous en ce début d’année afin de réagir sur la chute du gouvernement local le 24 décembre 2024 et la nomination du nouveau gouvernement non indépendantiste en ce mois de janvier.
Si lors des élections législatives 2024, l’association avait prôné l’alliance entre l’Eveil Océanien et Calédonie Ensemble afin de représenter la 3e voie qu’une majorité de calédoniens sollicite, elle se désole aujourd’hui de constater que cette union ne se réalise qu’à des fins purement électorales en vue d’obtenir des postes.
L’association se désole de constater que le parti Calédonie Ensemble dont le leader prône une sorte de fédéralisme interne et externe, proche de notre vision, soit à l’origine de la chute du gouvernement indépendantiste. Cet acte étant à juste titre perçu comme un acte de défiance1 par les partis indépendantistes et les kanaks eux-mêmes à leurs encontre, ayant pour conséquence directe de retarder voir sérieusement compliquer les négociations locales en vue de trouver d’une solution commune à présenter à Paris.
L’association se navre de voir ainsi une partie des représentants de la communauté wallisienne et futunienne au travers de l’éveil océanien adhérer à cela et pire participer à l’élection d’un nouveau président non indépendantiste issu d’un parti et d’une alliance (Loyalistes) s’étant radicaliser et prônant au travers de leurs projets d’hyper-provincialisation, de différenciation territoriale en réalité ni plus ni moins qu’un projet d’apartheid voir de partition du pays.
L’association espère à ce titre que les communautés pieds-noirs et wallisiennes et futuniennes représentées en parti par ces 2 mouvements politiques ne seront pas en 2025, tant au niveau des personnes que de leurs biens, impactées par ces décisions politiques. Celles-ci ayant déjà suffisamment subis par le passé les traumatismes liés aux effets de la colonisation avec notamment la guerre d’Algérie pour la première2 et l’épisode de l’Ave Maria de la tribu de St-Louis pour la seconde.
Rappelons que pour cette dernière communauté, bien que certains aient optés pour soutenir les indépendantistes comme le parti RDO, est malheureusement mal perçue par la population kanak comme le souligne Gabriel Païta, fédéraliste kanak, dans son livre autobiographique3, pour qui les wallisiens sont venus en Nouvelle-Calédonie profiter de l’aubaine lié à la fièvre du Nickel. L’apport de ces nouveaux électeurs dans les années 1950 grossirent progressivement le nombre des suffrages en faveur des partis de la droite locale (non indépendantiste) court-circuitant de la sorte le vote kanak majoritaire. Gabriel Païta rappelant qu’il n’y a pas eu moyen de s’entendre avec les wallisiens, leur disant même qu’ils avaient un pays, et qu’il s’appelle Wallis. En 1989, celui-ci souhaitait que les wallisiens reconnaissent qu’ils résidaient sur les terres de la chefferie, ce qu’ils refusèrent de faire. En 1995, il rappela même aux wallisiens lors d’un déplacement à Mata-Utu que c’était à cause d’eux que les kanaks avaient perdu la majorité électorale au cours des années 70 et que depuis la rancœur était profonde à l’inverse de la communauté asiatique (javanais, vietnamien), “victime de l’histoire”, qui constituèrent l’antithèse des wallisiens avec qui les rapports étaient meilleurs.
Ainsi, l’association rejoint le politologue P.C Pantz, lequel indique dans un article4 que la chute du gouvernement local risque bel et bien de fragiliser la reprise du dialogue, préfigurant un retour d’affrontements.
L’association se dit ainsi inquiète pour les mois à venir, notamment entre février et avril 2025, qui lors des évènements des années 1980 avaient été les mois à l’origine des prises d’otages par les indépendantistes des gendarmes de Poindimié puis d’Ouvéa amenant par la même une réponse militaire de la part de l’Etat se soldant par plusieurs dizaines de morts du côté kanak s’étant pourtant rendus.
L’histoire étant un éternel recommencement, l’association espère ne pas arriver à ces extrémités prochainement.
L’association rappelle également que la chute du gouvernement local et la volonté par les non indépendantistes de voir l’Etat reprendre la main sur les institutions calédoniennes et la filière Nickel ressemble étrangement à l’année 1958 où après l’entrée de kanaks au sein de l’assemblée territoriale et au conseil de gouvernement quelques années auparavant, ces 2 institutions furent suspendues et dissoutes par le gouverneur (haut-commissaire de l’époque), pour ensuite dans les années 1960 voir avec les lois Jacquiot et Billote l’autonomie de la Nouvelle-Calédonie abrogée et une reprise du contrôle sur la ressource du Nickel par l’Etat. Ainsi si le gouvernement Macron nous a renvoyés dans un premier temps avec l’insurrection du mois de mai 2024, dans les années 1970-1980, il semblerait que le projet porté par l’Etat avec les non indépendantistes soit plus profond visant à nous renvoyer 70 ans en arrière. Il convient tout de même de rappeler qu’une fois les lois promulguées, le président de la république française, dû démissionné (1969), ce que demande aujourd’hui certains partis politiques métropolitains à l’encontre du président actuel, Emmanuel Macron. L’histoire se répètera-t-elle?
1 L’UC rend hommage au travail des indépendantistes au sein du 17e gouvernement | Les Nouvelles Calédoniennes
2 Film historique et documentaire “LA VALISE OU LE CERCUEIL“ – YouTube
3 J. Cazaumayou J, T. de Deckker, 1999, Gabriel Païta, témoignage d’un kanak, d’Opao au pays de la NC, 273p.
4 Nouvelle-Calédonie : la chute du gouvernement indépendantiste fragilisera-t-elle la reprise du dialogue ?
En vous souhaitant une bonne lecture et en vous rappelant que le fédéralisme est la seule solution pour concilier l’unité dans la diversité.
L’association APROFED