
Quand la France est un frein à la transformation fédérale de l’UE
Bonjour à tous,
L’association APROFED revient vers vous en cette fin de semaine suite au rejet de la France du concept fédéral en Nouvelle-Calédonie lors du conclave de Deva, sur la commune de Bourail.
Si comme nous l’avons rappelé à maintes reprises, le projet des loyalistes n’était pas vraiment du fédéralisme, il n’en demeure pas moins que la France a toujours été opposé à cette notion, comme le démontre l’histoire de la construction de l’union européenne.
Dès 1954, au sortir de la 2e GM, la France enterre pour longtemps le projet d’Europe fédérale, issu du modèle allemand, en rejetant la Communauté Européenne de Défense (CED).
En boycottant les institutions européennes dans les années 1960, sous l’égide du Gal De Gaulle, la France s’oppose à toute dynamique supranationale et compromet ainsi le saut fédéral de l’Europe.
Le Gal De Gaulle pour une coopération entre Etats souverains, “Europe des nations”, a toujours refusé un pouvoir supranational fort qui aurait renforcé l’Allemagne, elle-même soutenue par les Etats-Unis. La France méfiante des institutions européennes et fidèle au “particularisme français” proposa ainsi plutôt une solution confédérale, freinant les projets d’union politique fédérale pour les 2 générations à venir ; alors que la confédération ne devait être, pour 15 ans, qu’une première étape en vue d’aboutir ensuite à la constitution d’un Etat fédéral européen.
Encore aujourd’hui, la résistance face à cet évolution prédomine encore au niveau des hautes instances de l’Etat français tandis que la majorité de la population, quant à elle, se dit prête a adopter une structure de type fédéral (cf. Les françaises et les français favorables à une Europe fédérale ! – Union des fédéralistes européens, UEF-France) , à l’allemande ou à l’américaine, jugeant les institutions françaises archaïques et ne répondant pas aux préoccupations de sa population, devant faire appel à l’union européenne voir aux Etats-Unis (Etat fédéral) pour lui venir en aide dans certaines crises (sanitaire, militaire, …)
L’origine de ce refus fédéraliste étant en partie son éternel rivalité avec l’Allemagne et les Etats-Unis, pourtant aujourd’hui ses alliés. En évitant que la structure fédérale allemande devienne un modèle européen, la France a donc poussé pour un modèle qui reflète davantage sa propre organisation, à savoir un État-nation fort, à l’origine des 2 guerres mondiales. Or, la création des Etats-Unis a démontré qu’il était possible de concilier un Etat fort, central à la française, gérant notamment les compétences régaliennes avec des entités subalternes, disposant également du qualificatif d’Etats, mais fédérés qui auraient pour leurs parts à gérer le reste des compétences afférant au bon fonctionnement de la société, cela en coopération avec l’Etat central, dit fédéral.
Or, dans le cas où l’UE deviendrait l’Etat fédéral, ces Etats membres actuels deviendrait alors ces Etats fédérés. Ainsi, au vu des demandes d’indépendance de certains territoires (Ecosse, pays basque, …), environ 9, et l’intégration de nouveaux Etats, environ 11, additionnés aux 27 Etats membres actuels et le potentiel retour, un jour, du Royaume Uni au sein de l’UE, celle-ci compterait ainsi près de 48 Etats, soit presque qu’autant que les 50 Etats fédérés des USA, formant l’idée défendue par V.Hugo et W.Churchill « d’Etats-Unis d’Europe ».
La problématique étant qu’en voulant conserver sa souveraineté, la France a délégué le reste de l’ensemble de ses compétences à l’UE (agriculture, tourisme, environnement, …). Or, dans le cadre d’une Europe fédérale qui récupérerait les compétences régaliennes, propres aux Etats membres que sont la monnaie, ce qui est déjà le cas, la diplomatie, l’armée, … les gouvernements des Etats membres se verraient vider de leurs substantifiques moelles. Il conviendrait à ce que les Etats membres récupèrent ainsi les autres compétences actuellement à l’UE. En d’autres termes, qu’ils inversent leurs compétences. D’autant plus que les dites compétences sont à l’heure actuelle, celles déléguées aux régions en France, communautés autonomes en Espagne, aux Lander en Allemagne. Ainsi, les gouvernements et parlements des Etats membres actuels ne serviraient plus que de courroies de transmission et de régulateurs entre les régions entre elles et l’UE. Les seules compétences demeurant aux gouvernements des Etats membres actuels seraient la justice et la sécurité intérieure. Les autres (compétences régaliennes) ayant été transférées à l’UE. Le président de la République française ne deviendrait plus qu’un simple gouverneur, à moins d’être élu, au suffrage universel, à la tête de l’UE toute entière.
Il convient de rappeler ici que la superficie terrestre de la France n’est que de 550 000 km² alors que celle de l’UE est à l’heure actuelle de 4.5 millions de km², bien que celle-ci pourrait atteindre les 10 millions si elle venait à correspondre à l’idée du Gal De Gaulle qui la voyait s’étendre de l’atlantique jusqu’à l’Oural. Cette différence nous amène à comprendre la peur de la France d’être minorée, déclassée au sein de l’UE et son attachement viscéral à ses territoires ultramarins qui lui permettent grâce à leurs ZEE d’être la 2nd puissance maritime, avec 10 millions de km², derrière les USA. Ces outremers lui servant de sauvegardes en cas d’implosion de l’UE, dont elle risque d’être responsable, mais surtout et avant toute chose de richesses éventuelles, tant au niveau terrestre (mines) que maritimes (gisements offshores) qui permettrait à son économie de se développer comme du temps des colonies, démontrant d’ailleurs que la France n’a toujours pas tourné cette page, à savoir celle de son Empire passé.
Or, si la France ne cesse de continuer de ralentir l’évolution programmée de l’UE, elle risque comme le suggère l’IA d’aggraver les divisions entre les Etats membres et de laisser croître les partis politiques populistes, souverainistes, nationalistes, extrémistes, pour la plupart eurosceptiques voir europhobes. Sans structures plus centralisées, l’UE peut être incapable de répondre efficacement aux grandes crises (guerres, pandémies, intelligence artificielle, Chine/États-Unis). Si l’UE est perçue comme inefficace ou trop technocratique, cela pourrait mener à une désintégration partielle (sortie de pays, affaiblissement des institutions). Ainsi, sans un saut qualitatif dans l’intégration fédérale, elle risque la fragmentation ou la marginalisation sur la scène mondiale.
On pourrait même imaginer face à la perte de légitimité du couple franco-allemand, moteur historique de l’intégration européenne depuis les années 1950, un scénario de sécession à l’américaine avec la création par l’Allemagne d’une Europe fédérale des pays du Nord, et autour de la France d’une Europe confédérale des Etats du Sud de la Méditerranée avec la même issu qu’aux Etats-Unis. L’histoire étant un éternel recommencement, ce scénario est d’autant plus probable qu’il pourrait se réaliser dans les années 2070, en comparaison avec l’histoire américaine. En effet, les Etats-Unis ont débuté par une confédération tout comme l’UE, entre les années 1777 et 1781. Une dizaine d’années plus tard, ils adoptaient leur Constitution entre 1787 et 1789 pour malheureusement connaître 70 ans plus tard une guerre de sécession dans les années 1860. Le traité de Maastricht en 1992 instaurant la création de l’UE sous forme d’une confédération, puis une dizaine d’années plus tard en 2009, le traité de Lisbonne, sa “Constitution”, bien que non désigné comme tel vu le non en 2005 au référendum des français, entre autre. Comptez 70 années supplémentaires et vous obtiendrait une fourchette comprise entre les années 2070-2080, pour un potentiel conflit. Cette date coïncide aussi à la date indiquait par l’association dans un précédent article (cf. Le système fédéral : la continuité logique du modèle tribal et féodal – APROFED) qui estimait le changement indubitable vers le fédéralisme s’effectuait vers cette date.
Face à une crise institutionnelle majeure, un risque de fragmentation et d’affaiblissement global de l’UE, l’association se désole de voir le comportement de la France, réagissant tel un enfant capricieux face au mot “fédéralisme”, notion pour laquelle elle oppose une résistance injustifiée. Ainsi, l’avenir nous dira si elle accepte ce choix inéluctable d’évoluer vers une structure de type fédéral pleine et entière ou de quitter l’UE, à l’instar du Royaume-Uni, avec possibles pertes et fracas.
Vous pouvez retrouver en ligne, un excellent documentaire, diffusé il y a peu et encore disponible en replay reprenant en partie le contenu de cet article, au lien suivant :
Giscard et l’Europe, chronique d’un rêve inachevé en replay – La case du siècle | France TV
Vous pourrez retrouver l’ensemble des réponses fournies par l’IA aux questions ci-dessous au lien suivant :
La france vs l’europe fédérale
– Quelles sont les embuches que la France a mise en œuvre pour empêcher la constitution de l’Europe notamment fédérale?
– La France a t elle préféré construire l’union européenne sous modèle états nations plutôt que fédéral afin d’affaiblir l’Allemagne ?
– Quelle est l’avenir de l’UE si elle ne devient pas fédérale?
– Est ce que l’Allemagne pourrait créer une Europe fédérale sans la France? Quel serait alors l’avenir de l’UE?
Nous vous souhaitons une bonne lecture et vous rappelons que le fédéralisme est la seule solution pour concilier l’unité dans la diversité.
L’association APROFED