Le choix des Brics+, une solution pour certains

Le choix des Brics+, une solution pour certains
29 janvier 2025

Le choix des Brics+, une solution pour certains

Bonjour à tous,

L’association APROFED revient vers vous cette semaine sur les options s’offrant à la Nouvelle-Calédonie concernant son avenir institutionnel ; thématique qui sera bientôt discutée à Paris entre le gouvernement local et métropolitain.

Si l’association prône la continuité de la solution fédérale avec la France (solution n°1) établie dans les années 80 avec les accords de Matignon-Oudinot, la réaction de l’Etat, à l’instar du cas barcelonais en Espagne, montre peu d’espoir à attendre de ce côté là, notamment de la part du gouvernement central et local de droite. C’est pourquoi, l’association s’est permise de proposer une solution bis (solution n°2) visant à se rapprocher de nos voisins du pacifique, en vue de constituer, toujours dans le cadre d’une solution fédérale, l’alternative océanienne au vœu de Victor Hugo, à savoir “les Etats-Unis d’Océanie”, remplaçant l’attachement de la France et de l’Union Européenne à d’autres nations et supra nations de même envergure que sont l’Australie, la Nouvelle-Zélande et derrière elles les Etats-Unis.

Il semblerait cependant que les indépendantistes kanaks aient opté pour une 3e solution, celle des Brics+, avec la création du groupe de Bakou en Azerbaïdjan. Le but étant la recherche, derrière cela, du soutien politique de la fédération de Russie, et sur le plan économique de celui de la Chine qui serait l’un des candidats pour une éventuelle reprise des parts de l’usine de Nickel du Nord (KNS). Le ralliement du député indépendantiste calédonien au groupe GDR au sein de l’assemblée nationale illustre bien cette pensée. Pour rappel le groupe GDR est un groupe parlementaire présent à l’assemblée constitué essentiellement de communistes auxquels se sont ralliés un grand nombre d’élus ultramarins.

Ce rapprochement des indépendantistes kanaks aux Brics+ se situe dans le prolongement de celui des autres archipels mélanésiens que sont les iles Salomon, la Papouasie Nouvelle-Guinée, Fidji, … qui ont amené les nations occidentales (France, Australie, Etats-Unis, …) a sortir de leurs indifférences à l’égard de ces Etats. Ces derniers obtenant des financements en contrepartie d’abandonner certains projets visant à installer sur leurs sols des forces de sécurité, voir bases militaires d’origine chinoise, revenant à un jeu risqué pratiqué lors de la dernière guerre froide consistant à opposer les grandes puissances entre elles pour obtenir certains avantages.

L’association vous invite à ce titre à lire 4 articles sur le rôle notamment de la Russie dans l’affrontement entre grandes puissances durant la période de décolonisation qu’elle a d’ailleurs fortement soutenu :

Militariser l’Afrique : les origines soviétiques d’une doctrine russe | Le Grand Continent

La décolonisation à l’heure de la guerre froide, par Gilbert Achcar & Catherine Samary (Le Monde diplomatique, 2012)

L’histoire méconnue des interventions militaires russes au Proche-Orient – Nikolai Sourkov

La politique de soutien de l’URSS – Histoire du Monde

On y apprend notamment que :

– Etats-Unis et URSS tiennent tous deux un discours anticolonial promettant un même soutien au principe d’autodétermination

– la décolonisation est d’abord le résultat de la lutte des peuples et de l’affaiblissement des grands empires coloniaux britannique et français en 1939-1945. Londres et Paris ont même dû promettre à nombre de pays soumis à leur joug de les affranchir une fois le conflit terminé, pour éviter qu’ils ne se soulèvent. Aussi la fin de la guerre verrat-elle l’avènement de nombreuses indépendances.

– bien que les deux empires britannique et français programment l’indépendance de certaines de leurs colonies sous la supervision de l’Organisation des Nations unies (ONU),  la France essaiera cependant de s’accrocher à une partie de son empire colonial au prix de deux guerres majeures, en Indochine et en Algérie

– Les deux empires s’efforceront de prolonger leur tutelle au moyen de mécanismes économiques « néocoloniaux » (zone sterling et zone franc CFA), face à la très forte concurrence des Etats-Unis et leur dollar.

– l’ensemble des Etats du monde sont ainsi inciter à s’allier à l’un des deux blocs, américain ou soviétique

– les deux superpuissances combinent la séduction, par l’aide économique et technologique ainsi que par la livraison d’armement, et l’intimidation, voire au besoin l’intervention militaire directe

 la décolonisation débouchera sur l’émergence d’un « tiers-monde », de ce troisième « camp » mondial émergera un « non-alignement ». Ce non-alignement n’est cependant pas absolu. Les membres du Mouvement ne renoncent pas à l’aide de Washington ou de Moscou, de nombreux pays pauvres continuent de choisir d’aligner leur politique sur celle de l’Occident ou du bloc socialiste.

– la Russie a soutenu la décolonisation en Afrique, au Moyen-Orient, … cela afin de contrer l’influence occidentale sur le continent et renforcer son prestige,

– La Russie a soutenu les luttes contre la domination coloniale pour qui les colonies étaient sources de matières premières et de prestige internationale,

– Elle a également soutenu la lutte armée contre la minorité blanche à la source de système d’apartheid et de violences policières à l’encontre des populations noires manifestant pacifiquement contre des discriminations à leurs encontre,

– Ce soutien se concrétisant par la fourniture d’armes de haute qualité et des campagnes de lutte de type guérilla, de même que des fonds et des formations militaires sur le sol russe aux mouvements de libération.

– l’afflux d’armes pour les guérillas a permis de maintenir la pression sur les armées coloniales pour finalement contribuer au mécontentement des officiers de ces armées et à la fin des conflits coloniaux par l’indépendance,

– La Russie utilisa ses capacités navales pour soutenir des régimes amis et des mouvements de libération. Cette dernière ayant l’habitude d’envoyer des troupes pour aider ses alliées en difficultés en cas d’agressions par des puissances occidentales,

– La Russie fournissait un soutien militaire en échange de minerais critique, privant les entreprises occidentales de ces ressources,

La Russie tend à répondre présent à des pays cherchant à construire des forces armées et des économies indépendantes

pour la Russie, le renforcement de l’indépendance des pays émergents permettait d’altérer l’accès au camp occidental à des voies majeures de circulation et de transports commerciaux

– durant guerre froide, URSS et chine favoriseront les résistances armées dans les pays émergents en vue d’acquérir des victoires contre l’impérialisme occidentale, tout en s’efforçant de contrôler les nouveaux régimes,

Représentant près de la moitié de la population mondiale et 40% du PIB planétaire, les Brics+ commencent à constituer une véritable alternative aux nations occidentales. Le désir d’un monde multipolaire et une plus grande justice notamment dans les relations Nord Sud constituent un attrait pour un grand nombre d’Etats désireux d’intégrer ce nouvel ensemble. Reste à savoir si cette énième tentative de changement au niveau mondial réussira mieux que les précédentes (tiers-monde, mouvement des non alignés, sud global, …). L’idée d’une nouvelle institution politique internationale, de type société des nations (ancêtre de l’ONU) sur la base des pays membres et partenaires issus des Brics+ pouvant être la prochaine étape, vidant l’actuel ONU de sa substantifique moelle, permettant ainsi à des pays jusqu’ici exclus du conseil de sécurité des nations, d’en intégrer un nouveau.

La nouvelle banque de développement (NBD) basé à Shangaï et dirigée par une brésilienne d’un capital de 100 milliards de dollars avec une capacité de prêts allant jusqu’à 350 milliards sans contraintes à l’inverse du FMI séduit d’ores et déjà de nombreux pays émergents. Se considérant comme des esclaves de la France1, désireux de s’affranchir, les populations d’outre-mer seraient peut-être tenter de se tourner vers cet organisme pour ainsi racheter leurs libertés. Pour rappel, le PIB annuel de la Nouvelle-Calédonie étant de 10 milliards de dollars et celui de l’ensemble des outremers français de 75 milliards annuels. La NBD serait donc largement en capacité de prêter de l’argent à ces territoires en vue de se libérer et de se développer par la suite.

Ainsi, tel le mythe du jugement de Pâris, dans l’antiquité grecque, s’offre à la Nouvelle-Calédonie 3 options. Le choix des Brics+ risquant d’entraîner le courroux des 2 autres grandes puissances et d’isoler et mettre en difficulté une Calédonie certes devenu libre et indépendante. C’est pourquoi, l’association n’a opté que pour 2 solutions sur son site.

 

En vous souhaitant une bonne lecture et en vous rappelant que le fédéralisme est la seule solution pour concilier l’unité dans la diversité.

L’association APROFED