Le cas de l’archipel des Chagos
Bonjour à tous,
L’association revient vers vous cette semaine suite à l’annonce faite par le Royaume-Uni, ces jours-ci, de la rétrocession de l’archipel des Chagos à l’île Maurice qui ne cessait de réclamer sa souveraineté sur ces terres depuis près de 60 ans (cf. Maurice : le Royaume-Uni restitue l’archipel Chagos, la base américaine est maintenue) . L’archipel des Chagos, jusqu’à présent territoire d’outremer britannique (BIOT), rentre ainsi, en 2025, dans l’histoire comme étant la dernière colonie britannique d’Afrique.
Découvert par les portugais, puis colonisé successivement par les français et enfin les britanniques, l’archipel rattachait jusqu’alors à l’île Maurice sera à l’indépendance de cette dernière conservé dans le giron anglais ; pratique très courante de la part des anciennes puissances colonisatrices qui lors d’une indépendance décide de conserver un morceau de l’ancien territoire colonisé. A l’instar de ce qu’à pu faire la France avec les îles Eparses lors de l’indépendance de Madagascar, avec Mayotte pour les Comores, qui ne cessent de réclamer depuis la réintégration de ces territoires, et peut-être bientôt en Nouvelle-Calédonie au vu du projet de partition proposé par les loyalistes émanant selon certains de l’Etat lui-même. C’est également sans rappeler le cas du Vanuatu qui obtient son indépendance en juillet 1980, en grande partie grâce au soutien britannique, en dépit de 2 mouvements de sécession locaux soutenus par des intérêts français ( cf. CHAPPELL David, Le réveil Kanak, La montée du nationalisme en Nouvelle-Calédonie, UNC-Madrépores, 2017, p.194)
Ayant ainsi conservé cet archipel, les britanniques décident au XXe siècle de le louer aux forces armées américaines en vue de surveiller et pouvoir intervenir au Moyen-Orient et en Asie centrale. Ceux-ci y construisent une base sur l’île principale de Diego Garcia, accueillant entre autres bombardiers furtifs nucléaires et sous-marins.
Les quelques milliers d’habitants qui résidaient sur l’île furent déplacés malgré eux pour partie sur l’île Maurice et pour l’autre en Angleterre. Depuis, ils n’ont cessé de réclamer justice et la possibilité de pouvoir revenir habiter sur leurs terres.
En 1998, les habitants débutent une série de recours auprès de la justice britannique qui en 2008 déboute l’ensemble de leurs demandes (cf. Archipel des Chagos — Wikipédia). En 2017, l’ONU saisi la Cour International de Justice (CIJ) sur la question, de même que Maurice en 2018 et obtiennent en 2019 dans un avis consultatif rendu par celle-ci une décision selon laquelle le Royaume-Uni aurait illicitement séparé les Chagos de l’île Maurice après son indépendance en 1968. Les pays du Sud soutiennent fortement l’île Maurice, tandis que les alliés du Royaume Uni, tels que la France, l’Australie, les Etats-Unis font bloc derrière la puissance coloniale.
Le 22 mai 2019, l’assemblée des Nations Unies adopte une résolution exigeant la restitution dans les 6 mois de l’archipel a l’île Maurice et publie en 2020 une nouvelle dans laquelle l’archipel appartient à Maurice. La résolution étant malheureusement non contraignante, le Royaume Uni ne s’y conforme pas, de même qu’à l’avis allant dans le même sens de la CIJ. Dans la même année, l’île Maurice annonce son intention de porter plainte auprès de la Cour Pénale Internationale (CPI) contre le Royaume Uni pour crime contre l’humanité.
En 2023, le gouvernement britannique accepte d’ouvrir des négociations qui déboucheront le 22 mai 2025 sur un accord de transfert de souveraineté de l’archipel des Chagos à l’île Maurice. Néanmoins, l’île principale des Chagos, Diego Garcia, est rétrocédée via un bail emphytéotique de 99 ans à l’Angleterre afin de lui permettre d’achever le bail accorder aux américains. En contre partie, l’Etat britannique devra verser à l’île Maurice 120 à 165 millions de livres sterling par an jusqu’à la fin du bail. Ainsi, la principale île habitable, source des revendications de ces habitants demeurent à la puissance coloniale et ses alliées. L’argent revenant quant à lui à l’île Maurice qui se retrouve a devoir gérer à présent les revendications des Maldives sur une partie de l’archipel, estimant que celui-ci s’avère en réalité plus proche des Maldives que de l’île Maurice (cf. Les Maldives demandent que les Chagos soient remis à Malé | Defimedia), retrouvant là encore une pratique des anciennes puissances coloniales consistant une fois parti à dresser des pays voisins les uns contre les autres. L’exemple de l’Inde et du Pakistan en sont l’exemple le plus frappant, côté britannique.
Bien qu’ayant fêté l’annonce du départ des britanniques de leur archipel, les habitants des Chagos risquent très vite de désenchanté à la lecture réel du contenu de l’accord. Il n’est pas sûr que ceux-ci voient la couleur des livres sterling promises par le Royaume Uni. Par contre, avec la souveraineté sur les îles environnantes et ce nouvel espace maritime, l’île Maurice dispose quant à elle d’une garantie d’être payé sous peine d’autoriser les autorités chinoises à naviguer dans ses eaux et près des infrastructures anglo-américaines, ce que n’accepteront pas les américains (cf. L’élection de Trump donne de l’espoir aux opposants à l’accord sur les îles Chagos) qui ont tenté d’ailleurs de faire échouer cet accord.
En vous souhaitant une bonne lecture et en vous rappelant que le fédéralisme s’avère être la solution.
L’association APROFED
