Discours de Dick UKEIWE au Sénat en 1985 et proposition de statut d’autonomie de Rock PIDJOT en 1976

Discours de Dick UKEIWE au Sénat en 1985 et proposition de statut d’autonomie de Rock PIDJOT en 1976
22 juillet 2024

Discours de Dick UKEIWE au Sénat en 1985 et proposition de statut d’autonomie de Rock PIDJOT en 1976

Bonjour à tous,

L’association APROFED revient vers vous en cette semaine afin de vous relayer le discours de Dick UKEIWE, tenu lors d’une séance au Sénat, le 24 janvier 1985.

A la lecture de celui-ci, vous pourrez constater la similitude en tout point de la situation de l’époque avec celle d’aujourd’hui confirmant la citation de l’historien grec Thucydide comme quoi l’histoire n’est qu’un perpétuel recommencement.

Face à la situation de l’époque, Dick UKEIWE propose dans son discours les bases du fédéralisme, avec la création d’un gouvernement et d’un congrès calédonien ainsi que de régions (provinces aujourd’hui), ayant leurs propres compétences mais au sein de la République française, cette dernière conservant les compétences régaliennes.

Proposition qui sera entendue et reprise, quelques mois plus tard, par le président de la république de gauche de l’époque, François Mitterrand, lequel indiquera lors d’un conseil des ministres extraordinaire du 25 avril 1985 que la solution pour la Nouvelle-Calédonie sera : la Fédération sans partition.

Espérant que cette solution soit à nouveau reprise dans le contexte actuel et compléter afin de trouver un accord politique permettant de ramener la paix au plus vite sur le territoire. Car sans cet accord au préalable toute reconstruction serait vaine, car elle risquerait d’être à nouveau détruite dans la foulée.

L’association APROFED espère également que la solution du fédéralisme ne prendra pas aussi longtemps à être mise en place. Pour rappel, il faudra attendre les accords de Matignon-Oudinot de 1988 puis ceux de Nouméa de 1998 pour voir l’ensemble des propositions du sénateur être mises en œuvre, soit plusieurs années après son discours.

L’association rappelle également que certaines des propositions du sénateur reprenait celles des députés calédonien et polynésien Rock Pidjot et Francis Sanford qui avaient en 1976 déposés un projet de statut d’autonomie interne à l’assemblée nationale non pris en compte et qui conduira par la suite en Nouvelle-Calédonie certains à l’indépendance en 1977 puis aux évènements des années 1980 et de ceux aujourd’hui en 2024. A l’instar de l’exemple barcelonais de 2017 vis-à-vis de l’Espagne.

Pour rappel, les 2 députés souhaitaient revenir à une autonomie de leurs territoires comme dans les années 50 avec la loi cadre DefferreAutonomie perdue dans les années 60 suite à une recentralisation de l’Etat français de l’ensemble des pouvoirs ultramarins de peur que ceux-ci suivent l’exemple des anciennes colonies africaines et asiatiques qui demandèrent leurs indépendances peu de temps après l’adoption de cette loi cadre.

Il convient de rappeler cependant un point historique, à savoir que si la loi cadre Defferre, assurait une plus grande autonomie aux territoires d’outremers, avec la création d’en le même temps de la Communauté, sorte de Commonwealth à la française faisant suite à l’Union française, elle visait en fait à revenir sur une parole de l’Etat Français à ses colonies consistant à leur donner l’indépendance une fois la Seconde Guerre mondiale terminée en contre partie de leurs efforts de guerreMalheureusement, la guerre achevée, la promesse d’indépendance ne fut pas au rendez-vous et fut remplacée par une simple autonomiequi plus est déguisée puisque l’Etat conservait l’ensemble des décisions notamment sur les compétences régaliennes et surtout sur les matières premières nécessaires à sa reconstruction.

Ainsi, si beaucoup de calédoniens se sont opposés et s’opposent encore à l’indépendance, il convient de rappeler comme nous venons de le mentionner qu’il s’agissait d’une parole donnée par l’Etat non tenue et que malgré cela le peuple kanak a toujours tenté de trouver des solutions pacifiques, de prime abord, rejetées par l’Etat. Leurs révoltes et leur demande d’indépendance ne sont ainsi en rien la cause des évènements d’aujourd’hui mais bel et bien la conséquence des peurs de l’Etat et de ses promesses non tenues. Par ailleurs, de 1945 à 1977, l’indépendance n’a jamais été un leitmotiv du peuple kanakqui durant toute cette période n’a eu de cesse de réclamer qu’une seule chose, à savoir l’égalité de traitement identique aux autres français afin d’être considérer comme des citoyens à part entière.

L’alternative du fédéralisme, de l’autonomie élargie, proposée par le sénateur Dick Ukeiwé et le député Rock Pidjot, a permis une fois mise en place après les évènements de 1984 d’établir une paix de près de 40 ans.

C’est pourquoi, l’association APROFED estime cette 3e voie comme la seule solution et souhaite ainsi voir ce procesus être à nouveau discuté pour être finalisé et ainsi retrouver une paix et reconstruire un destin commun pour au moins les 30 prochaines années. En effet après la mise en place d’un fédéralisme interne avec les accords de Matignon et de Nouméa, il conviendrait maintenant de mettre en place un fédéralisme externe dans le cadre d’une nouvelle relation avec la France comme le demande l’ensemble des territoires ultra-marins, resté pour l’heure lettre morte. Il n’est pas étonnant de ce fait de les retrouver quasiment tous dans un parti situé aux extrêmes à l’assemblée nationale ainsi que dans des réunions anticolonialistes comme le groupe de Bakou en Azerbaïdjan, (qui normalement aurait du plutôt se tenir en France). La réactivation des articles 78 et suivants de la Constitution afin de ressusciter la Communauté de 1958 pourrait être une solution.

Vous pouvez retrouver le discours au Sénat, de Mr Dick UKEIWE, ainsi que la proposition de statut d’autonomie de Rock Pidjot et Francis Sanford, sur notre site internet en sa rubrique Téléchargements : Téléchargements – APROFED

En vous souhaitant une bonne lecture.

 

L’association APROFED